1. |
Je m'élève
03:21
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Je m’élève (Maya Angelou)
Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire
Avec vos mensonges amers et tordus,
Vous pouvez me traîner dans la poussière
Mais tout comme elle, pourtant je m’élève,
Tout comme les lunes et les soleils,
Avec la certitude des marées
Vous pouvez m’abattre avec vos mots,
Me cisailler avec vos yeux,
Me tuer de toute votre haine,
Mais tout comme l’air, pourtant je m’élève.
Je m'élève...
Ma sensualité vous met-elle en colère?
Cela vous surprend-il vraiment
De me voir danser comme si j’avais
Des diamants, au creux de mes cuisses?
Hors des cabanes honteuses de l’histoire
Surgissant d’un passé enraciné dans la douleur
En laissant derrière moi des nuits de terreur
Vers une aube claire, je m’élève
Emportant les présents de mes ancêtres,
Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave.
Je m’élève
Je m’élève…
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2. |
Le Dernier Chant
03:08
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Le Dernier Chant - Lacenaire, La Conciergerie, 28 novembre (1835 ?)
En expirant, le cygne chante encor,
Ah laissez-moi chanter mon chant de mort
Ah laissez-moi chanter, moi qui sans agonie
Vais vous quitter dans peu d’instants,
Qui ne regrette de la vie
Que quelques jours de mon printemps
Et quelques baisers d’une amie
Qui m’ont charmé jusqu’à vingt ans !...
Je vais mourir... le jour est-il plus sombre ?
Dans les cieux l’éclair a-t-il lui ?
Sur moi vois-je s’étendre une ombre
Qui présage une horrible nuit ?
Non, rien n’a troublé la nature.
Tout est riant autour de moi,
Mon âme est calme et sans murmure,
Mon cœur sans crainte et sans effroi
Sur des songes d’amour je m’appuie et m’endors,
Me direz-vous ce que c’est qu’un remords?
Vertu, tu n’es qu’un mot, car partout sur la terre
Ainsi que Dieu je t’ai cherchée en vain !
Dieu ! Vertu ! paraissez, montrez-moi la lumière !
Mon cœur va devant vous s’humilier soudain.
Dieu ! mais c’est en son nom qu’on maudit, qu’on torture
Celui qui l’a conçu plus sublime et plus grand ?
La vertu !... n’est-ce pas une longue imposture
Qui dérobe le riche au fer de l’indigent ?
On n’en demande pas à l’opulence altière,
On en dispense le pouvoir,
Le pauvre seul est tenu d’en avoir.
Pauvre à toi la vertu ! Pauvre à toi la misère.
A nous le vice et la vie à plein verre !
Vous ! mourez sans vous plaindre : est-ce pas votre sort ?
Du sang... du vin... l’ivresse... attendez un instant
Et puis à votre loi tout entier je me livre...
Que voulez-vous de moi ? vous parlez d’échafaud ?
Me voici... j’ai vécu... j’attendais le bourreau.
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3. |
Au mur
03:31
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Le Mur (Jules Jouy-1855-1897)
Tout au fond du grand cimetière,
Défunts par les vers dépouillés,
Sous les herbes, verte litière,
Dorment les anciens fusillés.
Cachant les trous de la mitraille,
Couronnes et drapeaux, serrés,
Ornent la sinistre muraille,
Dernier abri des fédérés.
Tombe sans croix et sans chapelle,
Sans lys d’or, sans vitraux d’azur,
Quand le peuple en parle, il l’appelle
Le mur.
C’est là que, traquant leurs victimes,
Lignards, cavaliers, artilleurs,
Prirent ces combattants sublimes
Dans le terrier des fusilleurs ;
Là, qu’au son du clairon tragique,
Sonnant l’hallali dans le bois,
Malgré sa défense héroïque
Vint tomber la bête aux abois.
Quand Paris ferme ses paupières,
Chaque nuit, dans l’enclos obscur,
Des râles s’échappent des pierres
Du mur.
Assassins, l’avenir vous navre !
La révolte va reverdir
Sur ce sol, de chaque cadavre
Jaillit l’herbe du souvenir.
Fleuron railleur de sa couronne
Gavroche, futur fusillé,
Y trace le mot de Cambronne,
Que plus tard il viendra crier :
Bourgeois, quand le blé des revanches,
Au cimetière sera mûr
On fauchera vos faces blanches
Au mur !
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4. |
Je m'appelle personne
03:13
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Je m’appelle personne (André Laude)
Je m’appelle Personne
Je n’ai pas de nom. Je m’appelle Personne.
Les riches ont l’or
Mes maigres mains creusent le rio.
Je m’appelle Personne
Je n’ai pas de nom. Je m’appelle Personne.
Mes maigres mains
Creusent un sillon de mort.
J’ai enterré tant d’enfants
Que ma mémoire est une encre sauvage.
Je m’appelle Personne
Je n’ai pas de nom. Je m’appelle Personne.
Je n’ai plus de mains.
Je n’ai plus d’âge.
J’ai la sagesse
Des grands arbres brisés par les Américains.
Je m’appelle Personne
Je n’ai pas de nom. Je m’appelle Personne.
Je suis un Peau-Rouge.
Jamais je ne marcherai dans une file indienne.
Je suis celui
Qu’on ne peut pas tuer au cœur de la bataille.
Je m’appelle Personne
Je n’ai pas de nom. Je crois à la revanche.
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5. |
Bohémiens
03:03
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Bohémiens en voyage (Baudelaire)
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.
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6. |
Invictus
02:31
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Invictus (William Ernest Henley)
Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate :
I am the captain of my soul
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7. |
Le ver est dans le fruit
03:04
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Le Ver dans le fruit (André Laude)
Je longe le long sillon qui conduit aux morts muets.
Je songe à la neige, aux chevaux de feu,
à l’hiver des paroles.
Je vois des bois brûlés, des vaisseaux échoués,
des mouettes prises par le gel.
J’écris à partir d’un noyau de nuit.
J’écris à partir d’une tranchée noyée de boue.
Je longe le fleuve de sang et de larmes
qui traverse les inquiétantes ruines.
Je sens l’odeur des prédateurs, l’urine
de la hyène, la matière fécale des jeunes bébés.
J’écris à partir d’un noyau de nuit.
J’écris à partir d’une tranchée noyée de boue.
Je longe le marbre froid qui donne le frisson
J’écris corde au cou. La trappe tremble sous mes pieds.
Et je chante une très étrange et vieille chanson,
qui dit qu’aujourd’hui et pour toujours
le ver est dans le fruit.
J’écris à partir d’un noyau de nuit.
J’écris à partir d’une tranchée noyée de boue.
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8. |
Encre et Sang
05:00
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Encre et sang (André Laude)
Je fais de ma vie de nuit en nuit un tas d’ordures.
Je fais de ma vie une brumeuse chronique.
Je fais de ma nuit le carrefour des fantômes.
Je fais de mon sang un long fleuve qui tape à mes tempes.
Je fais de ma peur un oiseau noir et blanc. Je fais d’un
oiseau mort, pourri, l’enfant que j’aurais pu être.
Je fais d’un enfant un feu fou, un bloc de cendres.
Je fais de ma mort à venir un festin de serpents.
Je fais d’un serpent la corde pour me pendre.
Je fais d’un long, acharné silence le testament
De tout ce qui fut désastres, horreurs, ennuis,
Ruptures et interminables hurlements.
Je pisse de l’encre et du sang.
Je pisse de l’encre et du sang.
Je chante sur le bûcher des châtiments.
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Swimmin'poor Paris, France
David (guitare/chant), Magali (guitare/chant), Raphaël (batterie)
CONCERTS :
Mini-tour avec
CHOUÏA NÉANT (Punk dionyso-cairote) : vendredi 17 mai à Grenoble, 102 rue d'Alembert, avec aussi PROTON; samedi 18 mai au festival de Sail-sous-Cousan (42) avec plein de groupes super; dimanche 19 mai à Saint-Amant-Roche-Savine (63) organisé par Mathilde et René et avec aussi DES VEINES.
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